Présence Protestante : culte spécial avec la fondation John Bost pour changer de regard sur le handicap

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Cette rentrée encore, le temps d’un culte spécial, Présence Protestante est allé à la rencontre de paroissiens décidément pas comme les autres ! Sur la petite commune de La Force, à côté de Bergerac, caméras et paraboles ont rencontré les résidents et le personnel de la Fondation John Bost.

"Je vous le dis en vérité […] il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui." Évangile de Matthieu, chapitre 11. 

La Fondation rêvée par le pasteur Jean Antoine (dit John) Bost au milieu du XIXe siècle a pour vocation d’accueillir, maintenant un peu partout en France, des personnes en situation de fragilité et / ou de handicap. Et le culte que l’on célébrait dimanche en sa maison mère, à La Force, est un peu, tous types de handicaps confondus, les Rencontres du Papotin (France 2) version protestante.

Quel regard et quelle place l’Église pose-t-elle sur le handicap ? Quelle est la place du handicap à la télévision ? Et, puisque la télévision n’est que le reflet de nos visages et de nos expressions (dans tous les sens des termes), quel regard porte notre société sur "les personnes en situation de handicap" ?

Pour commencer, il serait judicieux de s’interroger sur le bien- fondé de cette nouvelle AOPC : "Personne en situation de handicap". Serait-ce discriminer une personne de dire qu’elle est "handicapée" ? Aurait-on oublié à ce point nos cours de grammaire que nous confondrions nom commun ("personne") et adjectif épithète ("handicapée") ? Le premier n'étant pas soluble dans le second. L’adjectif n’est en aucun cas la définition totale, unique et entière du nom. Il n’en exprime qu’une des nombreuses caractéristiques.

Une personne est avant tout une personne, elle peut être grande ou petite, jeune ou âgée, aimable ou revêche, handicapé ou pas, etc. Et tout cela à la fois en fonction de qui et de comment on la regarde.

Notre société ("la société", c’est nous tous), sous couvert de classification scientifique, est en fait bien malade de ses étiquettes. Elle en colle plus que de raison pour rassurer, pour exprimer ce qu’elle estime être un juste rapport à "la norme" (ex. : des étoiles Michelin à la taille d’un œuf). Or, fatalement arrive un jour où la norme ou bien le rapport à la norme changent (ex. : la consommation des véhicules). Elle croit alors que décoller l’étiquette et la remplacer par une toute nouvelle changera la donne, alors qu’en réalité, une nouvelle étiquette n’est jamais que les stigmates d’une autre norme… Une voiture reste une voiture, un bon plat reste un bon plat peu importe l’étoile…

Dans notre rapport aux choses et au monde, l’enjeu n’est pas tant ce qui est écrit sur la norme que le fait que nous ayons autant besoin d’avoir recours à la norme elle-même, souvent juste pour apaiser nos troubles obsessionnels compulsifs, parce que le rapport au vaste monde crée en notre petit (fort) intérieur un malaise.

Sur le marché à côté de chez moi, dans les faubourgs les plus pauvres de la capitale, je rencontre en faisant mes courses quelques-uns des disqualifiés du monde, de ceux qui, selon les normes, seraient volontiers étiquetés "D" ou "E" : les migrants qui charrient étals et cageots dès l’aurore, les pauvres qui trouvent là pitance à bas prix, et même les fruits et légumes trop gros, trop petits, difformes ou en surnombre, disqualifiés des officines labellisées et vendus là. Pourtant, une carotte aussi tordue soit-elle, n’est-elle pas une carotte ? 

Dans notre galaxie protestante, la question de la norme et du rapport à la norme devrait être centrale. Nous paroissiens, sommes tous les membres d’une assemblée aussi disparate que celle de l’Empire dans la Guerre des étoiles. Certains parlent forts, d’autres chantent faux, voire pas du tout, certains ont des nez… des nez aussi hauts que des perchoirs… et d’autres, comme Christian, sont gracieux mais n’ont pas les mots.

À l’initiative de l’émission Les Rencontres du Papotin, il y deux talentueux compères, Olivier Nakache et Éric Tolédano, plus connus pour leurs frasques cinématographiques ou fictionnelles comme "Nos Jours heureux" ou la série de Arte "En Thérapie". Et si, avec ces lignes, je leur rends précisément ici un vibrant et bien normal hommage, c’est pour saluer chaque étape de leur parcours, qui inlassablement, pourfend les normes. Les héros de Intouchables, leur plus grand succès, sont un riche parisien blanc tétraplégique et un ex-taulard, banlieusard noir d’origine sénégalaise. En terme d’hommes forts, on peut faire mieux…

Et en ce qui nous concerne plus directement, je vous recommande leur très émouvant et bien nommé "Hors Normes" (2019) inspirés de deux associations s’occupant de personnes autistes : Le Silence des Justes et le Relais Île-de-France. Vous trouverez Les Rencontres du Papotin et Hors Normes auprès de vos fournisseurs d’accès et le culte de Présence Protestante à la Fondation John Bost ici : 

Il y a un peu plus de 2000 ans, un autre avant nous a refusé la normalisation des personnes. Son regard sur les lépreux, les handicapés, les marginaux, les petites gens, les disqualifiés nous inspire encore aujourd’hui. Il ne regardait pas l’étiquette avant de choisir, il aimait et regardait en vérité. Cela lui a valu la croix, et à nous, l’éternité. Ne perdons pas de vue ce regard.

Un programme préparé par Yannick André, réalisé par Elkana Randrianaivo et produit par France.tv Studio pour France Télévisions à découvrir en replay. 

Christophe Zimmerlin, pour Présence Protestante


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